jeudi 15 juillet 2021

A comme... aspirateur

 

Bon. Il était temps. Plus que temps d’ailleurs, et même si j’ai pas le budget pour, parce qu’il faut bien admettre que ça coûte beaucoup trop cher pour ce que c’est… J’ai acheté un aspirateur.


Après des années à me traîner la vieillerie que j’avais récupéré de mes parents (comme tout le monde) et deux déménagements, j’ai franchi le pas. Sans difficultés hein, j’ai pas de blocage particulier, je fais le ménage avec, comme avec d’autres outils, mais pour moi, l’action d’acheter un aspirateur, c’est avant tout un symbole.


Ça peut sembler idiot de le présenter comme ça mais pour moi acheter un aspirateur ça représente pas mal de choses. Déjà, le passage à l’âge adulte. Le vrai, hein, pas quand on atteint les dix-huit ans. Et pas non plus quand on part vivre en chambre d’étudiant. Non, l’aspirateur, on l’achète quand on a son propre appartement. Peut-être un conjoint avec soi. Peut-être qu’on est que locataire d’ailleurs. Et peut-être que ça devient urgent si on a trois chats. On a sûrement un travail, on a presque arrêté de boire trop en soirée, on a pas fumé depuis trois ans, on envisage d’avoir des enfants, bref, l’enfant qu’on était est devenu grand. Et pas juste un grand enfant. Un vrai adulte accompli. Presque responsable.


Et donc, pour moi acheter un aspirateur, ça dépasse de loin sa fonction d’outil, et ça va plus loin que le symbole même. C’est une fierté.


En même temps que mon aspirateur, j’ai acheté de quoi meubler tout mon appartement. Canapé, table, chaises, frigo, même un sablier de quinze minutes, et si vous vous demandez à quoi peut bien servir de mesurer uniquement quinze minutes avec un sablier, je vous répondrai que c’est très joli sur la télé, mais quand j’ai appelé mes potes pour leur raconter mon emménagement, je leur ai parlé d’un seul truc. Mon nouvel aspirateur tout neuf.


Pas bruyant.

Pas de sac.

Pas de fil qui claque les chevilles quand on le rembobine.

Le manche télescopique qui inclut la brosse à fauteuil.

Léger.

Peu gourmand en énergie.


Une merveille technologique.



Donc bien évidemment, tout le monde s’est moqué de moi. Mais à chaque fois, en raccrochant je gardais ce petit sourire que personne ne pouvait voir. Méprisant tous ces adolescents de trente ans, coincés avec l’aspirateur de leur parents de 1975. Moi, j’en avais un tout neuf, moi. Un qui m’avait coûté super cher alors que je suis sur la paille. Un que je ne leur prêterai jamais. Même pour de l’argent. C’est le mien. Moi je suis grand. Vous, vous êtes tout petits. Et je sais bien que vous êtes jaloux. C’est pas de votre faute, je comprends. Mais quand vous irez acheter le vôtre dans quelques années, vous penserez à moi...




D’ailleurs, quand je n’en aurai plus besoin de mon super aspirateur, je pourrai le donner à mes enfants !